Les connaissances sur le fonctionnement des cours d’eau et des bassins versants ont considérablement augmentées ces dernières décennies et elles nous permettent de mieux aborder leur gestion. Cette évolution permet aujourd’hui de mieux anticiper les réponses des cours d’eau et des bassins versants aux interventions réalisées.
Le fonctionnement des cours d’eau et des milieux aquatiques est négativement impacté par des pressions très diverses. Voici en quelques lignes un aperçu des différents problèmes à traiter.

Les seuils et leurs impacts sur la continuité écologique

Les cours d’eau présentent de nombreux seuils, ouvrages barrant en travers le lit mineur, créant ainsi une discontinuité dans le chenal. Ils peuvent être de natures diverses : seuils de moulins, digues d’étangs directement implantées sur les cours d’eau, buses perchées par rapport au fond du lit… Un nombre significatif de ces seuils a pu être implanté sur les cours d’eau il y a plusieurs siècles comme c’est le cas des seuils de moulins qui ont été aménagés pour leur force motrice, dont la plupart ont été rehaussés et ont connu des évolutions de leur profil en travers. Aujourd’hui, les moulins font d’ailleurs pleinement partie du patrimoine bâti et culturel associé aux cours d’eau.


Parcoul-ptLa présence de ces ouvrages en travers des cours d’eau perturbe la continuité écologique, c’est-à-dire la mobilité des espèces animales au sein du cours d’eau et le transport des sédiments. De ce fait, elle impacte lourdement le fonctionnement écologique et la dynamique fluviale. Les espèces piscicoles ont souvent besoin de se déplacer pour accomplir au mieux leur cycle de vie que ce soit pour des espèces migratrices comme l’anguille ou des espèces beaucoup moins mobiles dans la rivière comme le brochet. A plus long terme, le manque de mobilité des espèces les rend plus vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique en les privant de la possibilité de rejoindre des portions de rivière propices à leur cycle de vie au cours des saisons (de la période estivale notamment).
Les seuils constituent également des entraves au transport des sédiments et tendent à homogénéiser la physionomie des cours d’eau alors que la diversité constitue un élément clé de la qualité écologique des cours d’eau. Dans les zones de retenue situées en amont des seuils avec l’uniformisation des écoulements, la qualité de l’eau se dégrade du fait du réchauffement, du ralentissement et du colmatage du fond du lit.
Sur les rivières comme la Dronne, de nombreux usages se sont historiquement greffés sur les seuils de moulins destinés à l’origine à une ou plusieurs productions (électricité, meunerie). Les usages dits indirects le plus souvent rencontrés sont les ponts, les sites de baignades, les aires d’agréments (musée, aire de loisirs…).

Chaberlane-ptDes solutions existent et doivent être étudiées au cas par cas, la destruction systématique des ouvrages ne pouvant raisonnablement constituer une solution opportune et réaliste. L’arasement vise à diminuer la hauteur d’un seuil, le dérasement ou effacement consiste à détruire complètement l’ouvrage. Lorsque l’effacement du seuil n’est pas réalisable, il est possible d’équiper l’ouvrage d’une passe à poisson qui permet de restaurer une partie des circulations piscicoles. Ces équipements sont adaptés pour des espèces bien ciblées (une truite dispose d’une capacité bien supérieure à l’alose par exemple). En complément de ces aménagements, il faut souligner que la gestion régulière des vannages en période de crue favorise la dévalaison de nombreuses espèces piscicoles (comportement qui vise à rejoindre les parties aval d’un cours d’eau) et dans une moindre mesure une partie du transit sédimentaire.

Tenant compte de l’ampleur de la question à traiter, l’enjeu pour les gestionnaires de cours d’eau vise aujourd’hui à identifier les territoires prioritaires et engager les opérations de restauration de la continuité écologique, préciser et mettre en œuvre les solutions complètes (effacement) ou partielles sur les rivières tout en conciliant les usages directement ou indirectement associés.

Plaquette ONEMA pourquoi restaurer la continuité écologique 


 Les altérations physiques du lit mineur : recalibrage et rectification

portion du ruisseau le Tournevalude non recalibrée, ni recalibréeDepuis des siècles voire des millénaires, l’homme sculpte avec les moyens de l’époque, les cours d’eau pour le développement des activités économiques (agriculture, meunerie notamment). Les témoignages d’interventions sur le lit mineur des cours d’eau comme la création de seuil, de dérivation, de canaux datant de l’époque romaine, voire gauloise sont encore aujourd’hui perceptibles dans le paysage.
portion recalibrée et rectifiée sur le ruisseau le TournevaludeAvec l’intensification des pratiques agricoles, au cours de la seconde moitié du siècle, les interventions sur le lit mineur ont pris une large ampleur. La politique nationale « d’assainissement » des fonds de vallée destinée à créer des surfaces cultivables s’est accompagnée de nombreux recalibrages de cours d’eau, éventuellement associés à des rectifications. Le recalibrage vise à augmenter artificiellement à l’aide d’engins mécaniques la géométrie du lit mineur (multiplié par deux, trois, voire plus) de manière à augmenter le débit pouvant transiter par le chenal sans débordement lors de crue moyenne (généralement décennale). La rectification vise à supprimer les méandres des cours d’eau. Ces pratiques ont perduré jusque dans les années 80 à 90 pour les plus tardives. Ces opérations ont pu être réalisées sur des petites portions de cours d’eau ou à l’échelle de vallées entières.

avant recalibrage illustration incision cours eau apres recalibrage 

 Lorsque ces interventions ont été réalisées à l’échelle de cours d’eau entiers, leur fonctionnement a été bouleversé sur le plan écologique, morphologique, physico-chimique, paysager... Les impacts que l’on observe aujourd’hui sont nombreux : banalisation des habitats aquatiques et disparition des espèces les plus sensibles, abaissement de la nappe d’accompagnement, diminution de la capacité auto-épuratrice, renforcement des étiages et des assecs, accélération des écoulements et renforcement des débordements localement, enfoncement du plancher du cours d’eau (incision), instabilité des berges, déchaussement de certains ouvrages (piles de pont…) calés sur l’ancien profil…. La réponse morphologique de certains cours d’eau de la région à des recalibrages et rectifications réalisés il y a une trentaine d’années est encore en cours.

Face à ce constat, les gestionnaires de cours d’eau se sont engagés depuis une dizaine d’années dans des phases de restauration physique de portion de lits mineurs, visant à retrouver une physionomie plus naturelle, gage de la plus grande efficacité sur le plan environnemental (autoépuration des eaux, accueil de la vie, recharge de la nappe…). L’ambition de ces travaux de restauration physique est fonction des coûts et des emprises disponibles. Il peut s’agir de diversifier les écoulements au sein du lit par l’implantation de déflecteurs, de banquettes qui à terme contribueront à retrouver un gabarit de cours d’eau adapté. La solution la plus aboutie vise au réméandrage des cours d’eau ou à leur remise en place dans le talweg (point bas du fond de la vallée où s’écoulent naturellement les cours d’eau).


Schéma Restauration physique avec déflecteur

 L’allongement des étiages et les pressions sur la ressource en eau

développement d'azolla sur la Dronne en période d'étiageBon nombre de cours d’eau souffrent d’un manque d’eau en période estivale. Même si l’étiage (période de bas niveau d’eau en période estival) constitue un phénomène naturel, les prélèvements d’eau directs ou indirects réalisés sur le bassin versant impactent lourdement sur les étiages qui deviennent plus longs et plus sévères. Ils se traduisent sur certains ruisseaux par des assecs partiels voire même à l’assèchement complet. Les pressions réalisées sur la ressource en eau sont de divers types. Il peut s’agir de prélèvements réalisés dans les cours d’eau ou dans la nappe d’accompagnement destinés à l’alimentation en eau potable, pour les industries et pour les activités agricoles céréalières irriguées principalement.

assec du ruisseau le Jalley en 2011Les étangs, dont beaucoup ont été créés durant la seconde moitié du 20e siècle contribuent aussi à la raréfaction de l’eau disponible pour les cours d’eau en période estivale. Ceux-ci ont pu être implantés directement sur les ruisseaux, en dérivation en parallèle des cours d’eau, sur des sources, ou dans le voisinage immédiat du lit mineur pour faire émerger la nappe d’accompagnement. Certains étangs sont destinés à l’irrigation de terres cultivées. Dans tous ces cas, ces surfaces de plan d’eau cumulées à l’échelle des bassins versants contribuent à l’évaporation de l’eau et au réchauffement des eaux.

Le cumul de ces différents types de prélèvements réalisés à différents points du bassin versant contribue à la modification du fonctionnement estival des petits et des plus grands cours d’eau.
Mort truitelles assec ruisseau


A l’échelle du bassin versant, l’impact des pressions sur la ressource se rajoute à d’autres effets comme les recalibrages (qui se sont accompagnés d’un abaissement de la nappe d’accompagnement), de la simplification des paysages ruraux (suppression des haies, bosquets, agrandissement des parcelles, drainage, travaux qui ont accéléré la vidange hivernale et printanière des bassins versants) et la disparition des zones humides. Ces évolutions du territoire les ont rendues plus sensibles aux impacts du réchauffement climatique.

Les impacts dûs au manque d’eau sont nombreux sur les milieux aquatiques et certains usages qui y sont liés : mortalité piscicole directe en cas d’assec ou d’élévation trop forte de la température, banalisation des espèces par la disparition des espèces les plus sensibles à l’élévation de température (d’autant plus si elles ne peuvent pas rejoindre des eaux plus fraîches dans les parties amont du cours d’eau à cause d’obstacles à la continuité écologique ou à dévaler vers des secteurs propices), dégradation de la qualité physico-chimique de l’eau par le réchauffement, développement exagéré de la végétation aquatique et envasement, prolifération des espèces végétales invasives comme la jussie, gènes pour la pratique des loisirs nautiques comme le baignade et le canoë, difficulté d’abreuvement du bétail…


crepine-station-irrigation

 

Dans un contexte de réchauffement climatique, la gestion de la ressource en eau constitue un enjeu de premier ordre sur nos territoires. Elle mobilise de nombreux acteurs et des efforts doivent être mis en œuvre à chaque échelon : particuliers, collectivités territoriales, exploitations agricoles, industriels… Elle doit passer par l’optimisation et l’adaptation des consommations à la disponibilité de la ressource, ce qui passera probablement à terme par une économie d’eau.
La gestion des étangs constitue également un axe d’amélioration (installation de moine, mise en dérivation, effacement…). La conservation et la restauration de zones humides prend également tout son sens.

Fiche étiage concertation SAGE Isle-Dronne EPIDOR  adaptaclima-chambre-agriculture


Les problèmes de gestion de la ripisylve

Les droits et obligations liés aux cours d’eau sont encadrés par la règlementation. En contexte non domanial où la moitié du lit appartient au propriétaire riverain, l’entretien du lit et de la végétation des berges est de la responsabilité de ce dernier, selon des modalités précisées dans le code de l’Environnement. Les articles L.215-14 et R.215-2 définissent les objectifs d’un entretien régulier d’un point de vue environnemental. L’article L.215-14 précise que [……..] le propriétaire riverain est tenu à un entretien régulier du cours d'eau. L'entretien régulier a pour objet de maintenir le cours d'eau dans son profil d'équilibre, de permettre l'écoulement naturel des eaux et de contribuer à son bon état écologique ou, le cas échéant, à son bon potentiel écologique, notamment par enlèvement des embâcles, débris et atterrissements, flottants ou non, par élagage ou recépage de la végétation des rives [.....].

Du fait de ces nombreuses fonctions (épuration, filtre, corridor biologique, résistance de la berge…), la ripisylve constitue un compartiment essentiel du fonctionnement des cours d’eau. Sa bonne gestion est donc indispensable et n’est pas aussi simple qu’un « nettoyage de la berge », expression communément utilisée. Les interventions sur la végétation du bord de berge doivent avant tout être sélectives et adaptées au contexte riverain (parcs et jardins, contexte agricole, berge concave soumise à l’érosion…).

galette de peuplier : berge détruite suite à la chute d'un peuplier de culture du fait de l'inadaptation de son système racinaire qui ne supporte pas d'être ennoyéLa berge est en effet un milieu sensible et fortement sollicité lors des crues et la stabilité des arbres n’est pas acquise sur le long terme, que ce soit sur les ruisseaux ou les plus grands cours d’eau. En plus des crues et coups de vent, des maladies peuvent affecter les essences d’arbres. Les aulnes peuvent dépérir sous l’impact du phytophtora alni , un champignon qui fait dépérir les cépées. Dans quelques années, les frênes seront atteints d’une maladie : la chalarose du frêne (chalara fraxinea) en cours d’expansion sur le territoire français (maladie peut être comparable à la graphiose de l’orme qui décime les populations !). La diversité des essences et la capacité de régénération spontanée par la présence d’une strate arbustive en-dessous de la strate arborée sont très importantes. Un proverbe forestier évoque que « la ronce est le berceau du chêne », témoignant que les arbres de demain qui constitueront la strate arborée, émergent naturellement des buissons et ronciers. Il faut donc maintenir des buissons sous la strate arborée, quitte à créer des ouvertures dans cette strate pour voir les cours d’eau, accéder au cours d’eau ou laisser la lumière pénétrer jusqu’au cours d’eau. Celle-ci est bénéfique à la pousse des herbiers aquatiques qui peuvent accueillir des poissons et insectes aquatiques. Tout est question de dosage car trop de lumière est pénalisant.

ripisylve-equilibre-bordure

 

La ripisylve ne doit pas être trop étroite : un seul rang d’arbre suffit rarement, ceux-ci peuvent basculer, dépérir… Idéalement la ripisylve doit mesurer au minimum de 3 à 5 m de large pour être stable et assurer au minimum ses fonctions mécaniques (stabilité de la berge), biologiques (habitats, corridor biologique…) et physico-chimiques (filtre, épuration des eaux…).
Les arbres poussent lentement, autant faire les bons choix.


Le bois mort ne doit pas être systématiquement enlevé car il constitue un habitat en berge pour certains oiseaux et insectes, et pour les poissons lorsqu’il est tombé dans l’eau. La question de son maintien ou de sa suppression doit être posée en fonction du contexte (proximité d’ouvrage, problème d’érosion, déficit ou abondance de bois mort dans l’eau…).

Les vaches, chevaux, chèvres ne sont pas capables de faire un travail sélectif et le recul des clôtures apparaît déterminant pour que la végétation puisse être stable voire se développer progressivement lorsque les berges sont dénudées.

peuplier de culture en travers de la Dronne barrant les écoulementsLes essences d’arbres doivent être adaptées au contexte de berge. L’implantation de rangs de peupliers de culture sur le haut de la berge est à proscrire car ils sont la source de nombreux problèmes. Compte tenu de leur mauvais enracinement (contrairement aux croyances les racines ne supportent pas d’être immergées dans l’eau, ce qui est le cas des vergnes et des frênes), les arbres se développent sur un système racinaire en forme de galette peu profonde, ce qui les  rend particulièrement sensibles aux basculements lors des coups de vents ou reculs de berge. Leur bois fragile est cassant, ce qui les exposent à de nombreuses casses en bordure des cours d’eau qui représentent des couloirs où s’engouffrent les vents. Les feuilles de peupliers sont très peu dégradables et s’accumulent dans le fond des cours d’eau où elles forment des vases organiques qui colmatagent les fonds. L’impact préjudiciable des peupliers est particulièrement fort sur les petits cours d’eau larges de quelques mètres et ruisseaux en contribuant à leur asphyxie.

N’oublions pas que pour pousser aussi vite, les peupliers de culture (un arbre peut atteindre 20 m de haut en moins de 15 ans) consomment énormément d’eau.

Tenant compte de ces inconvénients, si le riverain souhaite tout de même réaliser des plantations, il est impératif de les décaler de 3 à 5 mètres au minimum du haut de la berge pour laisser une place suffisante à la végétation naturelle adaptée au contexte sensible qu’est la berge.

destruction de la ripisylve d'un ruisseau à l'épareuse en bordure d'une parcelle de grande culture trace du phytophtora du vergne annonçant le déperissement prochain de la cépée

La gestion de la ripisylve est loin de s’apparenter à un « simple nettoyage de la berge », n’hésitez pas à contacter les techniciens de rivière du syndicat qui sont la à disposition des riverains pour tous conseils.


Le développement des espèces invasives

Le réchauffement climatique, l’abondance des échanges entre les territoires et la dégradation des milieux aquatiques sont favorables au développement des espèces envahissantes.

Une espèce envahissante, espèce envahissante exogène ou espèce exotique envahissante (l'anglicisme espèce invasive est parfois utilisé) est une espèce vivante exotique qui devient un agent de perturbation nuisible à la biodiversité autochtone des écosystèmes naturels ou semi-naturels parmi lesquels elle s’est établie (source : WIKIPEDIA). Elle est susceptible de pénaliser également les activités économiques et activités de loisirs.

foyer de jussie en expansion sur la DronneLa liste des espèces envahissantes qui concernent les milieux aquatiques tend à s’allonger et nous reviendrons dans cette page sur les deux espèces, présentes très ponctuellement sur le territoire et qui peuvent s’avérer particulièrement nuisibles : la Renouée du Japon et la Jussie.

La Renouée du Japon ou Renouée à feuilles pointues (Fallopia japonica, autrefois aussi nommée Polygonum cuspidatum ou encore Reynoutria japonica) est une espèce de plante herbacée vivace de la famille des Polygonaceae originaire d’Asie orientale, naturalisée en Europe dans une grande diversité de milieux humides. Cette plante herbacée très vigoureuse est originaire de Chine, de Corée, du Japon et de la Sibérie. Elle est cultivée en Asie où elle est réputée pour ses propriétés médicinales. Naturalisée en Europe et en Amérique, elle y est devenue l'une des principales espèces invasives ; elle est d'ailleurs inscrite à la liste de l'Union internationale pour la conservation de la nature des 100 espèces les plus préoccupantes (source : WIKIPEDIA).

renouée du JaponLa Renouée du Japon est particulièrement problématique car lorsqu’elle s’installe, elle est capable de complètement occuper (de quelques mètres carrés à des milliers de mètres carrés) un espace au détriment des autres espèces et des usages, et de former des « murs opaques » de 3 à 4 mètres de haut. Capable d’une grande adaptation et résistance, elle affectionne les milieux relativement ouverts présentant une bonne humidité atmosphérique mais craint l’abondance d’eau au niveau du système racinaire rhizomatique qui peut être profond de plusieurs mètres. Les berges hautes dénudées sont donc susceptibles de lui convenir. L’un des principaux modes de désamination de l’espèce est le bouturage : quelques grammes de rhizome, de cannes ou de tiges suffisent à son implantation. L’espèce profite des mouvements des matériaux (remblais…), du transport par les engins et machines (chenilles et roues des engins de travaux, tondeuse, débrousailleuse…), le transport par les crues.

Une fois que la Renouée du Japon s’installe à un endroit, il faut intervenir rapidement en arrachant les cannes et un maximum de racines plusieurs fois dans l’année. Les déchets doivent être brulés (attention aux périodes d’interdiction). Le compostage difficile présente des risques s’il n’atteint pas des températures suffisantes avec le risque de contaminer d’autres terrains. Il ne faut surtout pas la débroussailler (ou tondre ou broyer) sous peine de favoriser sa dispersion et d’aggraver la situation. Le végétal repoussera quasi-systématiquement quelques semaines plus tard. La prévention constitue la meilleure parade. Si le bosquet est présent depuis plusieurs années (les cannes atteignent 3 à 4 mètres de haut et atteignent à leur base 30 à 40 mm), c’est un autre problème et le conseil d’un technicien ou d’une personne avisée est nécessaire. Les produits phytosanitaires (désherbants, débroussaillants même s’ils sont véhiculés par la sève) sont inefficaces car la renouée du japon, à la manière des bambous disposent d’un rhizome très puissant et profond qui assure au végétal des réserves de plusieurs années. Leur utilisation à proximité immédiate des cours d’eau est interdite.


 

Ludwigia est un genre de plantes aquatiques de la famille des Onagraceae, originaire des régions tempérées et chaudes d'Europe et d'Amérique du Nord [….]. Certaines de ces espèces sont appelées « Jussie ». Il s'agit plus précisément de la jussie rampante (Ludwigia peploides) et de la jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora). Certaines d'entre elles sont considérées comme des plantes envahissantes dans certaines régions d'Europe, notamment la France. La plante se multiplie rapidement et envahit totalement la zone aquatique disponible, captant à son seul profit toute la lumière, consommant les ressources et interdisant par sa densité subaquatique tout déplacement de petits organismes (poisson, tortue, poule d'eau, etc.) au point d'éliminer totalement toute autre espèce de flore et une grande partie de la faune (source : WIKIPEDIA).

Les jussies constituent un sévère risque pour les milieux aquatiques présents dans les parties calmes des cours d’eau et les plans d’eau où elles se développent dans les faibles profondeurs d’eau suffisamment ensoleillées, sur les berges et en marge arrière de cette dernière si le milieu est assez humide. Elles peuvent également perturber la pratique des loisirs nautiques comme la pêche, la baignade, le canoë et présenter un impact paysager non négligeable au niveau des sites d’agrément (proximité des sites de moulins par exemple). Poussant préférentiellement dans l’eau, elle est potentiellement capable de coloniser les parties les plus humides des prairies et de pénaliser le pâturage.

Alors qu’elles sont largement implantées dans certains cours d’eau et étangs de la région, les jussies ont été détectées sur la Dronne en aval de Ribérac de manière sporadique, où elles bénéficient en période d’étiage des eaux calmes, chaudes, riches en nutriments (a priori dès lors que les taux de nitrates atteignent le seuil de 10 mg/l de nitrates).

Les jussies se développent à l’aide de leurs graines et par le bouturage. La méthode la plus efficace consiste à arracher manuellement les herbiers avant qu’ils ne fleurissent. Il faut faire particulièrement attention à ne pas laisser des morceaux qui seront alors capables de reconstituer de nouveaux individus. Le brûlage après séchage est la solution la plus sûre. Ils peuvent être compostés avec précaution, mais attention à toute nouvelle contamination d’un milieu suffisamment humide si la température ne monte pas suffisamment. Comme pour la Renouée du Japon, il vaut mieux intervenir rapidement sous peine de devoir engager de lourds moyens qui ne donneront pas forcément les résultats escomptés.

N’hésitez pas à nous contacter si vous voyez ces espèces à proximité des cours d’eau et milieux aquatiques.


Le piétinement du bétail et l’abreuvement direct du bétail dans les cours d’eau

Les prairies destinées à la fauche ou au pâturage font pleinement partie des paysages en bordure de cours d’eau. Le maintien de l’élevage dans les fonds de vallée face au développement de la céréaliculture contribue au maintien de la qualité des paysages et à la qualité environnementale des fonds de vallée. Leur conservation constitue un réel enjeu sur le plan environnemental, économique, culturel et social.

fauche tardive pour la gestion écologique de prairies humidesL’évolution des pratiques d’élevage associée à la transformation des territoires représente néanmoins une pression sur les milieux aquatiques. Il est possible de mettre en place des solutions au service de l’activité agricole et des milieux aquatiques.

(extrait du journal du Plan d’Action Territorial Dronne animé par la Chambre d’Agriculture de Dordogne)

"L’abreuvement direct du bétail dans les cours d’eau sans aménagement est la pratique traditionnelle utilisée, en Périgord comme dans de nombreuses régions, pour l’alimentation en eau des troupeaux de bovins (1). Cette pratique qui ne présentait alors que peu d’impact sur des cours d’eau ayant la capacité « d’absorber » les apports engendrés par le piétinement du bétail et ses déjections, devient de plus en plus dégradante.

En effet, l’évolution des pratiques agropastorales (avec l’augmentation de la taille des troupeaux, sa concentration aux points d’abreuvement et allongement de la période des pacages) en lien avec la détérioration de la capacité épuratoire des milieux aquatiques, accroissent fortement les risques à la fois pour la qualité de la ressource en eau et pour la santé mais aussi la productivité du bétail.

En l’absence d’aménagements spécifiques, l’accès direct du bétail dans les cours d’eau a pour conséquence :

- l’apport d’agents pathogènes (bactéries, virus, champignon, parasite) comme certaines souches d’Escherichia Coli et la Leptospirose, constituant un risque pour les usagers et les loisirs liés à la rivière (baignade, pêche, canoë).

- la destruction directe des berges par piétinement et l’apport de terre dans le fond des cours d’eau. En recouvrant les graviers et sables grossiers, ce colmatage des fonds provoque une diminution de la densité de poissons dans le cours d’eau et un appauvrissement des espèces. En effet, ces fonds graveleux, qui contribuent naturellement à l’autoépuration de l’eau, constituent également des habitats pour la faune aquatique (poissons, insectes). Enfin, cet apport en terre sur les petits cours d’eau colmate voir comble le lit pouvant entrainer un surcoût d’entretien à la charge du propriétaire.

- la destruction du cordon de végétation en bordure de berge (ripisylve) qui ne permet plus, sans système racinaire, la retenue et le maintien des berges diminuant ainsi la résistance des berges face aux crues.

- l’apport de déjections animales directement dans l’eau ou à proximité immédiate contribue à un enrichissement du cours d’eau en éléments nutritifs. Ces derniers s’ajoutent aux apports dus aux rejets de l’assainissement individuel ou collectif et aux lessivages des amendements agricoles. Cet enrichissement (eutrophisation) favorise le développement excessif de végétation aquatique et de vase organique préjudiciable aux êtres vivants de la rivière et la qualité de son eau pouvant la rendre impropre à la consommation humaine ;


impact fort du piétienement du bétail sur le lit mineur d'un bras de la Dronne et la ripisylveOn estime qu’ une unité de bétail correspond à sept équivalent-habitants, soit le rejet direct de sept personnes directement où à proximité immédiate de l’eau. L’impact d’un troupeau se fait à hauteur de point d’abreuvement mais aussi potentiellement sur plusieurs centaines de mètres à l’aval pour les ruisseaux larges de quelques mètres.

L’impact de l’accès direct du bétail dans les cours d’eau est d’autant plus critique car il se fait à une période de l’année où l’eau est moins abondante dans les cours d’eau, ce qui contribue à concentrer les polluants. En outre, les organismes vivants dans les cours d’eau connaissent un stress renforcé compte tenu de la diminution des niveaux d’eau (diminution de la quantité d’oxygène dans l’eau notamment).

dispositif d'abreuvement du bétail déconnecté du cours d'eau (pompe à nez ou pompe à museau)L’abreuvement direct du bétail dans le cours d’eau n’est pas non plus sans conséquence pour l’activité agricole, ses revenus, la santé et le confort animal. En effet, plusieurs études et le retour d’expérience acquis par les éleveurs et les techniciens agricoles, ont montré qu’un système d’abreuvement déconnecté de la rivière va, à l’échelle de l’exploitation, permettre d’éviter l’apparition de certaines infections et troubles [….]. Ces travaux ont également permis de mettre en avant une augmentation de la productivité (suite à la mise en place d’équipements spécifiques). Ces aménagements vont aussi permettre un gain de temps non négligeable pour l’exploitant car le fait de clôturer l’ensemble de la parcelle permet de limiter la surveillance des animaux et de diminuer fortement les risques de noyade ou d’enlisement. Enfin, les systèmes d’abreuvoirs aménagés n’engendrent pas de transport d’eau et permettent une économie sur le transport et le temps de travail.

(1) Avec les chevaux, caprins…"

bétail s'abreuvant directement dans un bras de la Dronne avec un impact fort sur les berges, le fond du lit et la qualité de l'eau

Afin de réduire l’impact négatif de l’abreuvement direct dans les cours d’eau, il existe un panel d’équipements comme les pompes à nez, les descentes aménagées, la mise en place de passerelles... Chaque solution doit être définie au cas par cas de manière à répondre au fonctionnement de l’exploitation agricole.

acces betail