Le bassin versant de la Dronne représente une surface d’environ 2800 km², réparti sur 3 régions (Limousin, Poitou-Charentes et Aquitaine) et 5 départements (d’amont en aval : Haute Vienne, Dordogne, Charente, Charente-Maritime et Gironde).
La Dronne constitue l’artère réceptrice du bassin versant, prenant sa source en Haute Vienne sur la commune de Bussière-Galant avant de se jeter dans l’Isle, au niveau de Coutras en Gironde après un chemin long d’environ 200 kilomètres.
Le Syndicat de Rivières du Bassin de la Dronne est compétent sur 92 communes, assurant la gestion de l’axe Dronne et de ses affluents (Lizonne, Rizonne, Côle, Euche, Boulou, Chalaure, Donzelle…).
Entre la commune de Quinsac et la commune de la Roche-Chalais qui marque la limite aval de la Dronne en Dordogne, la rivière effectue un parcours d’environ 125 km. Au fil de ce tracé, les paysagent évoluent.
De Quinsac jusqu’à l’entrée de Brantôme (cf. Confluence avec le Libourny, affluent de rive droite), la vallée est relativement dissymétrique, avec un lit majeur oscillant entre 50 et 250 mètres, avec des valeurs plus élevées localement. On observe de manière sporadique, des escarpements rocheux, témoignage d’une vallée sculptée au péri-glaciaire et d’une rivière beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui. Le chenal de la Dronne est dit unique et relativement sinueux sur cette partie du territoire, s’écoulant sur des terrains calcaires.
De Brantôme jusqu’à la limite aval de la commune de Bourdeilles, la sinuosité du lit est parfois moins marquée. Le lit majeur est globalement plus large avec une présence d’escarpement rocheux plus remarquable.
Entre sa confluence avec le Boulou à Creyssac (situé à l’aval de Bourdeilles) et la commune de la Roche-Chalais qui marque la limite aval de la Dronne en Dordogne, la rivière effectue un parcours d’environ 90 km. Au fil de ce tracé, les paysages évoluent.
De Creyssac jusqu’à Lisle, la Dronne circule dans des terrains calcaires, au sein d’un lit majeur étroit de 100 à 250 m dans une vallée dissymétrique avec un escarpement rocheux sur lequel elle bute, décrivant des paysages pittoresques. Large de 20 à 30 m, la Dronne possède un lit unique légèrement sinueux et longe principalement des prairies.
Avec l’élargissement de la vallée, le lit majeur atteint près de 500 mètres de large. On retrouve jusqu’à Lisle et Grand-Brassac localement les traces des escarpements rocheux en retrait de la rivière. A l’aval de Tocane-St-Apre, apparaissent les atiers, petits bras secondaires actifs tout au long de l’année, larges de quelques mètres et longs de quelques centaines de mètres à plus de deux kilomètres. Il s’agit de témoignages du fonctionnement passé de la rivière qui présentait il y a quelques siècles ou quelques milliers d’années un style fluvial à bras multiples. Dans ce secteur comme dans le Ribéracois, la rivière présente un style méandriforme peu actif. Les activités céréalières apparaissent en fond de vallée. Largement influencée par la présence régulière des seuils de moulins, la largeur de la rivière, qui se situe entre 20 et 30 m, voire 35 m très localement, évolue globalement peu jusqu’à St-Aulaye. Dans ce secteur, le gabarit augmentera sensiblement pour atteindre 35 à 40 m, même la largeur peut être réduite à 25 m à hauteur de certains passages.
Dans le secteur de Ribérac, le lit majeur est large d’environ 500 mètres à un kilomètre et accueille une agriculture mixte caractérisée par la présence de prairies pâturées, de parcelles de grande culture et de peupleraie. La vallée concentre l’essentiel de l’urbanisation de la région au niveau des principaux bourgs (Ribérac, Tocane-St-Apre, St-Méard-de-Drône….) installés en marge du lit majeur. Dans le secteur de Ribérac et dans une moindre mesure au niveau de la confluence avec la Lizonne, la rivière présente une morphologie très particulière avec des bras multiples. Dans le secteur de Petit-Bersac, la Dronne possède un réseau complexe d’atiers, le plus dense à l’échelle de la rivière. En aval, cette forme fluviale régresse très largement : ils ont évolué en bras morts plus ou moins longs. Les communes de St-Aulaye, Chenaud et la Roche-Chalais abritent des bras morts remarquables.
A l’aval de St-Aulaye, les terrains argilo-sableux prédominent dans le bassin et la présence de terrasses marque les paysages de la vallée.
A partir de St-Antoine-de-Cumond, compte tenu de la présence de basses terrasses, la largeur du lit majeur diminue et oscille autour de 500 mètres (voir beaucoup moins localement). Après un rapide passage dans le département de la Charente où la céréaliculture est bien présente dans le fond de vallée, les paysages de prairies prédominent, ponctués de grandes peupleraies à partir de St-Aulaye jusqu’à la Roche-Chalais où l’agriculture est plus diversifiée.
Sur l’ensemble de son parcours, la rivière est jalonnée de seuils de moulins que l’on rencontre en moyenne tous les deux à trois kilomètres. La morphologie actuelle de la Dronne est donc très largement influencée par les ouvrages hydrauliques actuels et passés, certains ayant disparus. L’influence de l’homme sur la morphologie de la rivière peut être localement ancienne, gallo-romaine probablement. L’essor de la meunerie à diverses époques historiques (qui s’est traduit au fur et à mesure par le rehaussement des seuils) a fortement marqué la physionomie de la rivière. Certains moulins font aujourd’hui pleinement partie du patrimoine bâti de la rivière ; certains sites sont aménagés pour l’accueil du public comme la Maison de la Dronne à Tocane-St-Apre.
En l’absence d’usage fort, d’autres seuils ont localement disparu et la rivière a pu retrouver des équilibres plus naturels propices au bon fonctionnement des milieux aquatiques.
Aujourd’hui sur le territoire du Syndicat, on note la présence de près de 90 seuils répartis un parcours de près de 125 km de Dronne, avec un état de conservation contrasté.
Les faciès lentiques prédominent et la plus grande diversité s’observe dans la partie amont du territoire jusqu’à Tocane-st-apre où l’on observe une plus grande proportion de radiers et de plats courants. A l’échelle des biefs (tronçon entre 2 moulins), on peut observer la répétition d’une même séquence : la partie amont des biefs située à l’aval des déversoirs présentent de beaux radiers (eaux rapides et agitées) et plats courants de plusieurs dizaines de mètres voire quelques centaines de mètres. Rapidement, sous l’influence des seuils de moulins, la rivière s’uniformise avec des faciès lentiques (d’eau calmes et profondes) sableux à sablo/limoneux.
Les herbiers aquatiques sont largement dominés par la renoncule aquatique, espèce caractéristique des cours calcicoles aux eaux fraîches, abondante jusqu’à Lisle et sporadiquement à l’aval. Elle est accompagnée dans les zones aval par les potamots qui prédominent avec les nénuphars dans les parties plus calmes et chaudes.
La partie dite amont du territoire correspond à la zone à truite, notamment en amont de Brantôme avec des faciès courants plus fréquents. Certains affluents permettent de jouer le rôle de ruisseau « refuge » et/ou pépinière sur le plan piscicole. Les zones de retenues en amont des seuils peuvent accueillir une population piscicole plus diversifiée ou coexistent les espèces d’eaux plus calmes normalement situées plus bas dans le bassin-versant telles que la carpe et le brochet. Il n’est pas rare d’observer des espèces dites d’eaux fraîches telles que le vairon, goujon ou encore chabot.
D’un point de vue piscicole, le bassin moyen de la Dronne correspond à l’intermédiaire entre la zone à truite dominée par les faciès lotiques et la zone à brochet dominée par les faciès lentiques : il s’agit de la zone à barbeaux. Cette zone peut potentiellement accueillir une bonne diversité d’espèces et une forte productivité piscicole. La Dronne accueille la truite fario jusqu’à Tocane-St-Apre compris, où les eaux demeurent suffisamment fraîches et la rivière présente le plus de faciès rapides. Associées à cette dernière, des espèces plus discrètes comme le chabot et le toxostome, peuplent les secteurs d’eaux fraîches, courantes et oxygénées.
A l’aval de Ribérac, la Dronne accueille des populations à cyprinicoles dominants avec du brochet, sandre, perche, black-bass et silure.
La partie aval du bassin de la Dronne abrite une population relictuelle de grands migrateurs (lamproie marine, truite de mer, alose…). Certaines de ces espèces sont potentiellement présentes en limite des départements de la Dordogne et de la Gironde mais le nombre élevé de seuils de moulins difficilement franchissables voire infranchissables constitue aujourd’hui un facteur limitant leur retour durable.
Malgré le fort déclin de l’espèce observé à l’échelle nationale et européen, l’anguille est encore présente sur la Dronne mais dans des proportions beaucoup plus faibles qu’il y a quelques dizaines d’années.
La vallée moyenne de la Dronne abrite plusieurs Zones Naturelles d’Intérêt Environnemental pour la Faune et la Flore (ZNIEFF) abritant encore de nombreuses espèces végétales et animales. La Dronne constitue un corridor biologique majeur dans le nord du département de la Dordogne. Elle accueille des espèces à forte valeur patrimoniale et permet une connexion à d’autres vallées d’intérêt écologique notable comme la Lizonne, le Boulou, l’Euche, Rizonne, Chalaure…
Parmi les espèces les plus remarquables, on peut citer la présence du Vison d’Europe, espèce inféodée aux habitats naturels humides, en voie de disparition à l’échelle du territoire national et européen. Le quart Sud-Ouest avec le Nord-Ouest de l’Espagne abritent un des derniers foyers européens de population. Avec l’arrêt de campagnes de recherches spécifiques de l’espèce en Dordogne, sa présence n’est qu’exceptionnellement détectée lors de capture accidentelle réalisée pendant des campagnes de piégeage de ragondins. Ces très rares observations sur le bassin permettent d’effectuer à minima une détection de l’espèce ; ces individus étant contrôlés puis remis dans leur milieu naturel.
La Loutre, moins sensible que le Vison d’Europe, recolonise le bassin à partir des secteurs amont. On observe aujourd’hui régulièrement des traces de l’espèce sur la Dronne jusqu’à Tocane-St-Apre. Elle fréquente très probablement certains secteurs aval favorables à sa présence.
La partie aval du bassin, en marge de la Double accueille une population abondante de cistudes présentes en périphérie de la rivière et plus particulièrement sur les affluents et étangs.
De manière générale, la qualité de l’eau suivie en différent points de contrôle par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne (stations de suivi situées à Valeuil, Combéranche-Epeluche, Bonnes en Charente) apparaît globalement bonne. La qualité physico-chimique et bactériologique des eaux de la Dronne permet la baignade au niveau de plusieurs plages surveillées, et la pratique des loisirs nautiques comme le canoë.
Sur le plan hydrologique, la Dronne présente des variations de débits bien marquées sur l’année. Le débit moyen annuel est de 12.8 m3/s à Villetoureix sur les vingt dernières années et de 19.4 m3/s à Bonnes (44 ans) en Charente.
Durant la période estivale, l’hydrologie de la rivière est très largement influencée par les prélèvements agricoles. La retenue départementale de Mialet installée sur la Côle assure un soutien d’étiage. Cet ouvrage d’une capacité de plus de 5 millions de mètres cubes est implanté dans la partie amont du bassin sur la Côle, stocke de l’eau en période hivernale et en début de printemps en vue de la restituer progressivement pour assurer un débit minimum dans la Dronne. Cette opération est mise en œuvre pour compenser les prélèvements destinés à l’irrigation. Les débits de la rivière en période estivale dans la partie moyenne oscillent entre 2 et 4 m3/s, sauf événement de sécheresse exceptionnelle.
La Dronne connaît en hiver et au printemps des crues qui mobilisent assez facilement le lit majeur, pour quelques jours tout au plus à l’occasion de chaque épisode suffisamment important. La dernière crue remarquable est survenue en janvier 2009 lors du passage de la tempête Klauss avec un débit de pointe de près de 180 m3/s à Villetoureix (soit une crue dite de période de retour vicennale). Elle a largement mobilisé le lit majeur dans le Ribéracois et les hauteurs d’eau ont pu localement atteindre une cinquantaine de centimètres. La crue dite historique, dont on peut encore recueillir les témoignages de ceux qui l’ont vécue, est survenue en décembre 1944 avec un débit estimé à 260 m3/s à Ribérac, soit environ cinquante centimètres au-dessus de la crue de 2009.